A l’heure où de nombreuses marques cherchent à rapatrier en Europe beaucoup de leurs packaging de luxe, il est temps de revenir aux basiques; la priorité écologique et sociale demeure une conception qui autorise une fabrication européenne, donc assez automatisée si les volumes le permettent. Mais qu’en est-il des matières elles-mêmes ?

Matières écologiques : définir une grille d’analyse

L’analyse écologique ne s’invente pas, le succès récent des agences d’éco-conception en atteste. Chacun a son approche et s’efforce de définir une grille d’analyse interne, en fonction d’éléments objectifs, au risque parfois de s’éloigner des enjeux quotidiens des fabricants.

Pour ma part, je me suis essayé à examiner des paramètres beaucoup plus subjectifs, en fonction des éléments environnementaux sur lesquels se battent les fabricants au quotidien, voire en fonction d’éléments qui sont rarement mis en avant mais que tout le monde reconnaît comme prépondérants en interne.

Examinons le cas de quelques matières assez courantes en packaging de luxe, en posant comme préalable qu’elles sont toutes FSC (si éligibles) et conformes aux impératifs REACH.

 

Papiers enduits

Un premier niveau de matières écologiques comprend les enductions en base aqueuse : là, l’effort des fabricants consiste généralement à bannir tout solvant, jusque dans les moindres détails (par exemple pour le nettoyage des machines), puis à privilégier les composants réputés les plus neutres pour l’environnement (type acrylique).

Un second niveau comprend les enductions vinyliques ou à base de solvants : dans ce cas, l’effort des fabricants porte sur l’élimination des composants réputés nocifs (en particulier les phtalates) et sur le recyclage interne des déchets de production.

matières écologiques

Tissus et toiles de recouvrement

S’il s’agit de toiles enduites, on retrouve la problématique précédente.

Pour les toiles non-enduites, le coeur de la réflexion sur les matières écologiques porte généralement sur le lieu d’implantation des tisseurs ou sur la provenance de la fibre. En effet, la prépondérance sud-asiatique et indienne est telle dans ce domaine qu’il est très délicat de garantir une traçabilité écologique et sociale irréprochable.

L’autre point récurrent concerne les déchets de matières devenues de plus en plus complexes. Dans certains cas, ces déchets sont utilisés pour la production d’énergie thermique en interne.

 

Cartons recyclés

Là, c’est sans conteste l’usage de l’eau qui est au coeur de la réflexion sur les matières écologiques, tant dans la quantité nécessaire pour la production d’une tonne de carton que dans le taux de retraitement de l’eau avant rejet. Ces rejets font généralement l’objet d’analyses en temps réel, dans le cadre parfois de réglementations locales.

L’autre sujet éminemment sensible est la provenance des lots de papiers/cartons utilisés, afin de minimiser l’impact du port.

 

Papiers et cartons métallisés

Les aspects métallisés obtenus par lamination d’un film (polyester, aluminium) font l’objet d’un vaste débat entre industriels sur leur caractère plus ou moins écologique. Je me garderai bien de me prononcer sur le sujet.

Par contre, l’approche la plus pertinente consiste sans doute à proposer une solution économiquement viable par des procédés sans lamination : transfert ou enduction (avec des composants neutres bien sûr), qui rentrent ensuite dans un cycle de recyclage traditionnel.

 

Matières flockées

Les fabricants de ces matières écologiques se concentrent généralement sur l’élimination complète des solvants dans les matières et dans le processus de fabrication (dans les adhésifs).

L’autre point important est le contrôle effectif de la filière d’approvisionnement des fibres (pour les flocks), qui peuvent être éco-certifiées et teintées avec des pigments conformes à la norme Oeko-Tex.

 

Cuirs recyclés

Là encore (comme pour le carton), l’usage de l’eau est prépondérant, tant dans sa consommation que dans le traitement des rejets.

Un autre point particulier qui permet de les inclure à notre panel de matières écologiques est la présence ou l’utilisation de chrome (le chrome 16 en particulier), traditionnel dans l’industrie du tannage.

 

Pour aller plus loin sur le sujet :

 

Notre site de matières : ACD